Le sac du Palais d'Été à Pékin

 

Le 18 octobre 1860, les Français et les Anglais brûlent le Palais d'Été de l'empereur de Chine, près de Pékin, après l'avoir pillé.

C'est une des merveilles du monde qui part en fumée.

 

La Seconde guerre de l'opium

Se saisissant de prétextes quelconques, la Grande-Bretagne et la France de Napoléon III ont envoyé vers Pékin un corps expéditionnaire avec mission de contraindre l'empereur à ouvrir son pays à leurs commerçants et missionnaires. C'est ce que l'on a appelé plus tard la « Seconde guerre de l'opium », la première s'étant conclue en 1842 par le traité de Nankin.

3000 Français et autant d'Anglais débarquent en septembre 1860 dans le golfe de Petchili (ou mer de Bohai) et prennent la direction de Pékin.

Après la prise du pont de Pa-li-kao, le 21 septembre, le corps expéditionnaire ne rencontre plus d'obstacle. Il arrive le 13 octobre 1860 dans la capitale chinoise, d'où s'est enfuie la cour impériale.

 
Le Palais d'Été pillé puis incendié
 
Peu avant, le 6 octobre au soir, un détachement français a atteint le Palais d'Été (ou Yuanming yuan, Jardin de la clarté ronde)
Cette splendide résidence des empereurs mandchous ou Qing, à la construction de laquelle ont participé des Jésuites, renferme de vastes collections d'œuvres d'art et des livres de grande valeur.
Les Anglais ayant rejoint les Français, ensemble, ils dévalisent méthodiquement le palais en vue d'approvisionner les musées d'Europe. Les Français envoient en cadeau certains objets de valeur à l'impératrice Eugénie, patronne de cette glorieuse expédition en terre chinoise.
Mais les soldats, qui ne sont pas insensibles à ces trésors, se servent pour leur propre compte. Jade, or, laque, perles, bronzes... tout suscite la convoitise des pillards.
Les contemporains appellent cet acte de vandalisme caractérisé du doux euphémisme de « déménagement du Palais d'Été ». Avant de quitter les lieux, les soldats britanniques mettent le feu aux bâtiments, majoritairement construits en bois de cèdre, sur ordre de l'ambassadeur britannique, lord Elgin, qui veut ainsi venger les prisonniers torturés à mort par les Chinois.
 
De nouveaux traités humiliants
 
Avec le sac du Palais d'Été, l'Occident réduit à néant pour longtemps la possibilité de relations de confiance avec la Chine. Traumatisée par cet épisode, elle doit signer de nouvelles conventions avec les vainqueurs, en complément du traité de Tianjin de 1858.
Outre la création de concessions supplémentaires, elle doit octroyer aux vainqueurs la liberté de circuler sur les fleuves, leur verser de fortes indemnités et supprimer les droits de douane pour les textiles britanniques.
 
La Chine entre dans une période d'instabilité chronique, marquée par la défiance du peuple à l'égard du gouvernement mandchou, accusé de collusion avec l'étranger. 
 
Source : © herodote.net

Yuanmingyuan : La lettre de Victor Hugo au capitaine Butler

 

 

 

 

L'empereur Xianfeng est en fuite.

Il a abandonné Pékin aux troupes anglo-françaises qui, le 6 octobre 1860, envahissent sa résidence d'été, d'une beauté exceptionnelle, la saccagent, la dévastent.

Ce pillage, qui marquera la seconde guerre de l'opium, indigne certains témoins occidentaux.

Victor Hugo, lui, ne connaît cette « merveille du monde » qu'à travers le récit des voyageurs, mais, d'emblée, il prend le parti des civilisés, les Chinois, contre les barbares.

 

 

Hauteville House, 25 novembre 1861

 

Vous me demandez mon avis, monsieur, sur l'expédition de Chine. Vous trouvez cette expédition honorable et belle, et vous êtes assez bon pour attacher quelque prix à mon sentiment ; selon vous, l'expédition de Chine, faite sous le double pavillon de la reine Victoria et de l'empereur Napoléon, est une gloire à partager entre la France et l'Angleterre, et vous désirez savoir quelle est la quantité d'approbation que je crois pouvoir donner à cette victoire anglaise et française.

 

Puisque vous voulez connaître mon avis, le voici :

 

ll y avait, dans un coin du monde, une merveille du monde ; cette merveille s'appelait le Palais d'été. L'art a deux principes, l'Idée qui produit l'art européen, et la Chimère qui produit l'art oriental. Le Palais d'été était à l'art chimérique ce que le Parthénon est à l'art idéal. Tout ce que peut enfanter l'imagination d'un peuple presque extra-humain était là. Ce n'était pas, comme le Parthénon, une œuvre rare et unique ; c'était une sorte d'énorme modèle de la chimère, si la chimère peut avoir un modèle.

 

Imaginez on ne sait quelle construction inexprimable, quelque chose comme un édifice lunaire, et vous aurez le Palais d'été. Bâtissez un songe avec du marbre, du jade, du bronze, de la porcelaine, charpentez-le en bois de cèdre, couvrez-le de pierreries, drapez-le de soie, faites-le ici sanctuaire, là harem, là citadelle, mettez-y des dieux, mettez-y des monstres, vernissez-le, émaillez-le, dorez-le, fardez-le, faites construire par des architectes qui soient des poètes les mille et un rêves des mille et une nuits, ajoutez des jardins, des bassins, des jaillissements d'eau et d'écume, des cygnes, des ibis, des paons, supposez en un mot une sorte d'éblouissante caverne de la fantaisie humaine ayant une figure de temple et de palais, c'était là ce monument. Il avait fallu, pour le créer, le lent travail de deux générations. Cet édifice, qui avait l'énormité d'une ville, avait été bâti par les siècles, pour qui ? pour les peuples. Car ce que fait le temps appartient à l'homme. Les artistes, les poètes, les philosophes, connaissaient le Palais d'été ; Voltaire en parle. On disait : le Parthénon en Grèce, les Pyramides en Egypte, le Colisée à Rome, Notre-Dame à Paris, le Palais d'été en Orient. Si on ne le voyait pas, on le rêvait. C'était une sorte d'effrayant chef-d'œuvre inconnu entrevu au loin dans on ne sait quel crépuscule, comme une silhouette de la civilisation d'Asie sur l'horizon de la civilisation d'Europe.

 

Cette merveille a disparu.

 

Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d'été. L'un a pillé, l'autre a incendié. La victoire peut être une voleuse, à ce qu'il paraît. Une dévastation en grand du Palais d'été s'est faite de compte à demi entre les deux vainqueurs. On voit mêlé à tout cela le nom d'Elgin, qui a la propriété fatale de rappeler le Parthénon. Ce qu'on avait fait au Parthénon, on l'a fait au Palais d'été, plus complètement et mieux, de manière à ne rien laisser. Tous les trésors de toutes nos cathédrales réunies n'égaleraient pas ce splendide et formidable musée de l'orient. Il n'y avait pas seulement là des chefs-d'œuvre d'art, il y avait un entassement d'orfèvreries. Grand exploit, bonne aubaine. L'un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l'autre a empli ses coffres ; et l'on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l'histoire des deux bandits.

 

Nous, Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voila ce que la civilisation a fait à la barbarie.

 

Devant l'histoire, l'un des deux bandits s'appellera la France, l'autre s'appellera l'Angleterre. Mais je proteste, et je vous remercie de m'en donner l'occasion ; les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés ; les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais.

 

L'empire français a empoché la moitié de cette victoire et il étale aujourd'hui avec une sorte de naïveté de propriétaire, le splendide bric-à-brac du Palais d'été.

 

J'espère qu'un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée.

En attendant, il y a un vol et deux voleurs, je le constate.

 

Telle est, monsieur, la quantité d'approbation que je donne à l'expédition de Chine

 

 

维克多*雨果的一封信

 

巴特勒上校:

 

 

 您问我对于远征中国的看法。先生您觉得这次远征又体面 又高尚;您相当善意地看重我对此的感情。您认为在维多利亚女皇和拿破仑皇帝的双 重旗帜下对中国进行的这次远征是英法两国共享的光荣;您想知道我对这次英法取得的 胜利能给予多大程度的赞同。

 

既然您愿意知道我的看法 ,那我就发表如下 :

 

从前在世界的一方有个奇迹 :这个世界奇迹叫圆明园。艺术有两种原则: 一种是 思,它 生了欧洲 , 一种是想象,它 生了 方 。 明 是属于想象的 构 产 艺术 另 产 东 艺术 圆 园 艺术 农则 构 艺术 够 东 ,巴特 是 思的 。一个近乎超凡的民族利用其想象力能 造出的全部 西 都集中在那里。它不象巴特农那样是举世无双的稀有作品,而是想象造出的一个巨大模 型 ,如果想象可以有模型的话。请您想象一种大家不知道是怎样的 、而又无法形容的 建筑物,就像月宫里的一座建筑物,那就是圆明园……建造这座圆明园足足用了两代人的 劳动;它像一座城市那么大 ,由 岁月造成 。造 给谁?造给人民 。因 为由岁 月建筑的东西都属于人民。凡艺术家、诗人、哲学家都熟悉圆明园,伏尔泰是这么说 的。大家都在 :希腊的巴特 ,埃及的金字塔, 的 形大 ,巴黎的圣母院, 方的 说 农 罗马 圆 剧场 东 圆 园 们见 见 这 见过 明 。如果人 不到它,就会梦 它。 是一件令人咋舌的、从未 的杰作,从神秘 的暮色中 望去就像是 立在欧洲文明地平 上的一个 方文明的朦 廓。

 

这个奇迹现在消失了。 

 

一天, 个 盗 入 明 ,一个掠 ,一个 火。似乎 得 利就可以当 盗了; 个 两 强 闯 圆 园 夺 纵 获 胜 强 两 胜 利者把大肆掠夺圆明园的所得对半分赃。在这一切的所作所为中,隐隐约约见到了埃 尔金的名字,这必然使人们回想起巴特农:以前有人对巴特农所干的,现在对圆明园又干 了起来,而且干得更彻底、更好,一扫而光。把我们所有大教堂里收藏的宝贝堆在一起,也 抵不上这座光辉灿烂的东方博物馆,那里不仅有艺术精品 ,还有大堆大堆的金银制品。 伟大的功勋,喜人的收获。一个胜利者装满了身上所有的口袋 ,另一个见了 ,也把一 个个保 箱装 。于是,他 手挽手笑着回到欧洲。 就是 个 盗的故事。

 

我们欧洲人是文明人,中国人在我们眼里是野蛮人,这就是文明对野蛮所干的勾当。

 

在历史面前,一个强盗叫法兰西,另一个强盗叫英国。但是我抗议。我感谢您给我这 个机会 我申明: 治者所犯的罪行并不是被 治者的 ;政府有 是 盗,但人民永 让 统 统 错误 时 强 远不会作强盗。 

 

法 西帝国侵占了 次 利的一半成果;今天,他以一种所有者的天真,炫耀着 明 里 兰 这 胜 圆 园 的 古董。我希望, 除 垢后解放了的法 西把 些 物 被掠 的中国的 灿烂 铲 污 兰 这 赃 归还给 夺过 那一天将会到来。

 

而 在我看到的,是一次 盗行 和 个小 。
 
先生, 就是我 征中国的行 所 予的 同程度。 
 
维克多*雨果
1861 年 11月 25 日
 
 
 
 
 
Que nos amis chinois veuillent bien nous excuser s'il y a des fautes dans la transcription de cette lettre.
 
 
 
 
 

YUNAN - OCTOBRE 2017